Les adhérents de la FSM UIS Transport et leurs amis se sont rencontrés en ce jour du 25 avril 2014 à Londres, accueillis par la RMT Grande Bretagne, pour discuter des développements dans le secteur, de l’impact de la privatisation et des changements structuraux selon les accords de l’Union Européenne, et pour établir un terrain d’entente et prendre des résolutions quant au plan d’action.
Vous pouvez lire ci-dessous le discours prononcé par George Mavrikos, Secrétaire Général de la FSM lors de la réunion :
« Chers collègues,
Au nom de la FSM je souhaite la bienvenue à tous nos collègues du secteur du transport de toute l’Europe, et autres continents, qui assistent à cette très importante conférence.
Permettez-moi d’abord de dire quelques mots à la mémoire de notre cher camarade Bob Crow, qui est mort brusquement le mois dernier. Le camarade Bob était un activiste militant des mouvements syndicaux avec plus de 30 ans d’expérience, en participant à de grandes luttes ouvrières il avait mérité le respect de tous ses collègues et camarades. Sa mort est une grande perte pour la famille de la FSM et pour les syndicats internationaux.
Collègues,
Le sujet de notre conférence, « L’Union Européenne, Elections pour un parlement Européen dans le cadre des travailleurs du secteur du transport, les droits des travailleurs et le syndicat FSM » ne pouvait pas arrivé à un moment plus opportun. Nous vivons une période cruciale pour la classe ouvrière en Europe et partout dans le monde. La classe ouvrière doit se battre contre des politiques antisociales dures, injustes et barbares. Cette crise financière capitaliste, qui se déroule dans tous les pays capitalistes développés, a fait dramatiquement empirer la situation de la classe ouvrière de tous les pays et continents.
Les gouvernements socio-démocrates et néolibéraux ou bien les coalitions gouvernementales de ces derniers, dans divers pays de l’UE, appliquent tous les mêmes politiques qui condamnent au chômage et à la pauvreté les grandes masses de la population, pénalisant ainsi la lutte des syndicats. Et en parlant de la pénalisation de la lutte des syndicats, il est intéressant de voir la façon dont le groupe des employeurs au sein de l’OIT, avec la collaboration volontaire de la plupart des gouvernements réactionnaires, essaient d’éliminer « le droit de faire grève ». Dans le même temps, la banque et le capital industriel font fusionner des groupes, pour avoir une position plus avantageuse et plus forte, ils investissent en Asie et en Afrique, dans l’espoir d’augmenter la rentabilité et pour anticiper une croissance capitaliste nouvelle et temporaire.
Dans ce cadre, les travailleurs européens sont appelés à voter le 25 mai pour les membres du parlement européen.
Mais de quelle Europe parlons-nous ? Car c’est une chose de parler de l’Europe, le continent européen, là où vivent les peuples et les travailleurs d’Europe, mais s’en est une autre de parler de l’Union Européenne, une organisation impérialiste, une union de capitalistes, formée par ces derniers pour défendre les intérêts de leur classe aux dépens des intérêts des travailleurs et des peuples. Il semblerait que l’adhésion à l’Union Européenne pour développer les intérêts du peuple ne soit qu’un mythe, puisque il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais de relations égales entre les états membres. Le seul point d’accord au sein des monopoles et des gouvernements capitalistes européens consiste en une agression sociale et économique contre les personnes.
Les soit disant « mesures de sortie de crise » mises en place par les gouvernements capitalistes européens (peu importe le parti élu), et planifiées avec l’aide des organisations impérialistes (l’UE, la Banque Européenne, le FMI, etc.) ont pour points principaux : privatisations, baisse des salaires et des pensions, élimination des droits du travail et des droits sociaux. Cette recette a été mise en place dans tous les pays de l’UE.
Le chômage dans beaucoup de pays de l’UE augmente de manière dramatique (je me permets de citer les taux officiels du chômage dans quelques pays : Grèce :27,4%, Espagne : 26,7%, Croatie : 18,6%, Chypres : 17,3%, Portugal : 15,5%) et ce d’autant plus pour les femmes et les jeunes. Les employeurs et les gouvernements profitent du chômage de masse pour imposer une sorte de terrorisme, particulièrement au sein des jeunes, des enfants de la classe ouvrière. En même temps, en Europe, xénophobie et racisme augmentent et deviennent un danger mortel pour les mouvements syndicaux et pour les luttes des travailleurs et des peuples. C’est la réalité d’aujourd’hui.
D’un point de vue international, pendant que le capitalisme fait face à ses propres contradictions, la compétition pour la survie au sein des monopoles est plus intense. Cela signifie que l’agression impérialiste, qui a pour objectifs principaux l’exploitation des ressources naturelles et économiques et des routes énergétiques, est de plus en plus impitoyable et est à l’origine de nouvelles guerres et interventions au sein des peuples.
L’UE participe activement dans le jeu de cette compétition inter- impérialiste, et crée un danger pour tous les peuples d’Europe et du reste du globe. Le rôle de l’UE dans les récents événements en Ukraine est révélateur. Mais n’oublions pas la position de l’UE et des gouvernements européens en Syrie, au Mali, en République Centrafricaine, et auparavant en Lybie, en Iraq, en Afghanistan etc. Une position qui a fait et continue à faire des milliers de victimes.
Chers collègues,
Pendant des années l’UE a promu avec agressivité les privatisations dans le secteur du transport, dans tous les domaines : routier, maritime, aérien, de manière à livrer les services de transport aux monopoles internationaux et sociétés transnationales.
La soit disant « libéralisation » des transports a rapporté des milliards de profit aux monopoles, aux dépens des travailleurs du secteur et des utilisateurs des services de transport. L’expérience de la privatisation du transport et des voies ferrées au Royaume Uni, en Grèce, en France et dans d’autres pays est une référence caractéristique.
Les travailleurs des transports maritimes doivent faire face à la précarisation du travail, à la politique de dumping social, etc. La Convention du Travail Maritime, bien qu’elle soit sensée mettre en place des standards et des « lignes rouges », abaisse en réalité la barre des standards mondiaux et contribue à diminuer les droits des travailleurs du secteur maritime dans tous les pays.
Dans les transports aériens, les politiques « ciel ouvert » mises en place par l’UE génèrent plus de précarisation, et met en péril la sécurité des travailleurs et des passagers.
Les résultats de ces politiques de « libéralisation », privatisation, réduction des effectifs etc… dans tous les domaines du transport, ont eu des effets désastreux sur le secteur. Ils ont conduit à une réduction de la sécurité des transports, des prix élevés pour les passagers et la perte de crédibilité des transports. De plus, ces politiques mènent à la formation de grands cartels du transport.
Cher-e-s collègues,
La réponse à cette agression dont souffrent les travailleurs européens, est malheureusement inadéquate. L’effet chronique de la démocratie sociale, la corruption des dirigeants syndicaux et l’affaiblissement des syndicats a usé la confiance que portent les travailleurs vis-à-vis des mouvements syndicaux, de telle sorte que même dans cette atmosphère de forte agression anti-peuple, anti-travailleur, la réponse est affaiblie. Dans ce contexte, il y a un besoin très clair de renforcer le rôle des mouvements syndicaux de classes tant au niveau européen qu’international.
Dans ces conditions difficiles, la FSM essaie de renforcer sa présence en Europe, en obtenant de nouveaux adhérents avec pour objectif la reconstruction d’un mouvement syndical militant en Europe. Nous sommes très heureux que les syndicats militants, avec une tradition de luttes ouvrières et populaires, comme la RMT, nous rejoignent dans cet effort et luttent dans les rangs de la FSM.
Face aux élections du parlement européen et chaque jour, les travailleurs doivent être sur le front pour organiser leurs luttes, ils devraient ignorer les dirigeants politiques et syndicaux compromis, qui après tout entretiennent le capital, et devraient faire confiance aux syndicats militants que la FSM accueille au niveau international.
Pour le secteur du transport, nous pensons que nos réseaux de transport sont l’élément clef des infrastructures nationales et devraient être exploités de façon publique au profit des travailleurs et du peuple en général. C’est pour cela que les syndicats militants des transports, affiliés à la FSM, luttent contre la privatisation dans le secteur du transport, pour de meilleures conditions de travail, de meilleures règlementations d’hygiène et de sécurité. Dans ce contexte, du 5 au 7 septembre 2014, à Santiago, au Chili, la FSM TUI Transport tiendra son 13ème congrès, de façon à discuter et proposer des solutions et des méthodes pour coordonner la lutte des travailleurs du transport partout dans le monde.
Cher collègues et amis
Pour la FSM et les 86 millions de travailleurs organisés dans plus de 120 pays que notre organisation représente, la réponse est claire. Unir la classe ouvrière pour la défense de ses propres intérêts ; contribuer à la reconstruction de mouvements syndicaux de classe à tous les niveaux : national, par secteur, régional et mondial. Tous ensemble, collectivement et solidairement, nous pouvons atteindre de meilleurs résultats, nous pouvons renforcer nos luttes nationales et construire une solidarité internationaliste, non seulement sur le continent européen mais aussi partout dans le monde.
Merci. »