Le capitalisme en crise et ses institutions attaquent brutalement tous les acquis sociaux et démocratiques depuis plus de 30 ans. Aujourd’hui, l’Union Européenne expérimente en Grèce la destruction totale des conditions de vie du peuple et se prépare à imposer la même chose dans toute l’Europe (à travers par exemple le « Mécanisme Européen de Stabilité » destiné à « sauver l’euro » en sacrifiant les peuples) .
Face à cette offensive sans limite, les travailleurs ont besoin pour se défendre d’organisations qui les regroupent sur la base de leurs intérêts. Mais la Confédération Européenne des Syndicats, directement financée par l’UE, se veut un « partenaire social » et a soutenu toutes les régressions et tous les projets européens imposant la « concurrence libre et non faussée » » entre les travailleurs.
En France, la CFDT est la tête de pont de ce syndicalisme jaunissant : soutien à la casse des retraites en 2003, à la constitution européenne en 2005, condamnation des grèves dures à la SNCF, dans les raffineries, dans les transports, intrigues avec Sarkozy contre le statut de la Fonction publique, manœuvres tous azimuts pour morceler les luttes et éviter qu’elles ne cristallisent dans un « tous ensemble en même temps »…
Malheureusement, les organisations majeures du mouvement syndical (CGT, FSU) ont subi peu à peu une dérive similaire de leurs directions qui ont privilégié l’ancrage dans la CES et la stratégie du syndicalisme rassemblé au sommet avec la CFDT.
Ce syndicalisme d’accompagnement n’a pas été capable de résister au rouleau compresseur anti-social, débouchant depuis 1995 sur des échecs et des reculs majeurs en dépit de luttes à la base de très grande ampleur (2003 ou 2010). Il ne résistera pas plus à la guerre sociale qui s’annonce.
Tandis que les congrès de la CGT et de la FSU sont prévus pour 2013, une question centrale se pose donc au mouvement syndical et à ses bases combatives : les travailleurs peuvent-ils faire l’économie d’organisations syndicales retournant à leurs fondamentaux de classe, exprimés pendant une longue période par les statuts confédéraux de la CGT (résistance aux empiétements quotidiens du capital et volonté de renversement du système capitaliste pour une nouvelle société dans laquelle les travailleurs s’approprieraient les moyens de production et d’échanges) ?
Ce qui est en jeu dans les congrès qui viennent n’est pas le remplacement de tel ou tel dirigeant par tel ou tel autre mais le type d’orientation, de militants et de dirigeants dont le mouvement syndical doit se doter pour mener victorieusement les combats qui viennent. Nous affirmons la nécessité pour nos organisations de renouer avec la lutte de classe, base de l’unité et des victoires des travailleurs, et à sortir de la fausse unité que représente le syndicalisme rassemblé pour revenir à la seule unité qui vaille : celle réalisée d’abord en bas et surtout dans la lutte !
C’est pourquoi nous lançons à tous les militants, à tous les syndiqués et au-delà à tous les salariés un appel pour que ce débat s’impose dans nos organisations, à tous les niveaux et pour toute la période qui vient !
Front Syndical de Classe, mars 2012